Un voyage dans l’ombre : l’album méconnu "Pink Moon" de Nick Drake
On commence ce périple acoustique avec un nom que certains ont peut-être croisé du coin de l’oreille : Nick Drake. S’il devait y avoir un ambassadeur pour les artistes tombés injustement dans l’oubli, il aurait sans doute mérité un siège de choix. Et son album “Pink Moon”, chef-d’œuvre minimaliste sorti en 1972, aurait dû être le fer de lance de cette reconnaissance.
On est en pleine vague rock des seventies lorsque cet album voit le jour. Cependant, “Pink Moon” tranche radicalement avec l’énergie rugissante des guitar heroes de l’époque. L’album n’a rien de tapageur. Il est réduit à l’essentiel : une guitare acoustique délicate, la voix de velours d’un troubadour, et, occasionnellement, quelques notes de piano. Juste ça, et pourtant, c’est suffisant pour vous bouleverser.
Un contexte et une réception glaciale
Lors de sa sortie, “Pink Moon” est passé presque totalement inaperçu. À peine 6 000 exemplaires vendus. Pour comparaison, le “Harvest” de Neil Young, un classique du même genre sorti la même année, s’est écoulé à plus de cinq millions de copies. La différence de réception est marquante.
Pourquoi un tel flop ? Nick Drake lui-même était loin de vouloir jouer le jeu d’une industrie musicale déjà dominée par le marketing. Pas d’interview, presque aucune tournée, et un artiste dont la timidité maladive frôlait l’insurmontable. Il semblait déjà, à l’époque, à contre-courant de son époque.
Des compositions d’une beauté poignante
Mais que trouve-t-on lorsqu’on plonge dans les accords de “Pink Moon” ? Des bribes d’intimité à peine éclairées, le sentiment d’écouter un dialogue entre l’artiste et soi-même. Ses morceaux, comme le titre éponyme “Pink Moon” ou “Things Behind the Sun”, offrent des paysages sonores où mélancolie et apaisement cohabitent, créant une profondeur émotionnelle rare. Chaque arpège semble être suspendu dans l’air, chaque mot pesé avec soin.
Les amateurs de folk minimaliste ou de songwriting introspectif y trouveront une mine d'or.