5 EPs qui préfigurent des carrières stellaires
Si le nom d’Asiahn ne vous dit encore rien, cela ne devrait pas durer. Avec son EP “This Is What It Feels Like”, sorti chez Motown Records, elle redéfinit ce que le R&B peut offrir aujourd’hui...
Arlo Parks, britannique d’origine nigériane et française, fait partie de cette génération qui ne s’encombre pas des étiquettes musicales. Son album Collapsed in Sunbeams (2021), lauréat du Mercury Prize, est un kaléidoscope d’influences : des guitares envoûtantes propres au folk, une voix délicatement soul, et une production subtilement électro qui habille ses récits de moments quotidiens.
Sa particularité ? Une sensibilité extrême, qui transparaît à chaque mot et chaque note. Elle mêle mélancolie et espoir avec une simplicité désarmante. Contrairement à des productions pop calibrées, ses morceaux nous plongent dans une bulle intimiste où chaque détail invite à une écoute attentive.
L’influence folk dans ses compositions se ressent dans les arpèges minimalistes de guitare acoustique, ponctués par des rythmiques électroniques modernes. Et au centre, toujours cette voix chaude qui berce et enveloppe.
Peut-on évoquer le mélange folk-soul-électro sans parler de James Blake ? Bien qu’il ne soit plus un "nouvel artiste" à proprement parler, son héritage est indéniable dans le son hybride actuel. Depuis ses premiers EPs jusqu’à son magistral Overgrown (2013), James Blake a tracé un chemin où acoustique et électronique se répondent, parfois dans le même souffle.
Mais il ne se contente pas d’être une figure tutélaire. À 34 ans, il continue d’influencer des artistes plus jeunes avec ses expérimentations. Sa collaboration récente avec la chanteuse Rosalía sur Barefoot in the Park illustre comment la fusion de genres peut atteindre des sommets d’intensité émotionnelle. Pour les plus curieux, Blake cite Joni Mitchell comme l’une de ses principales influences – preuve que le folk, même dans sa plus pure tradition, reste une référence pour nombre de musiciens électro contemporains.
Originaire d’Afrique du Sud, Bongeziwe Mabandla est une figure montante sur la scène internationale grâce à son univers unique. Son style est un parfait exemple de fusion : des racines profondément ancrées dans le folk sud-africain, une voix habitée par l’âme (la vraie, celle qui serre la gorge), et une production contemporaine qui déploie des rythmiques électro-parcimonieuses.
Son dernier album, iimini (2020), joue avec les textures acoustiques pour les faire dialoguer avec des boucles électroniques discrètes et hypnotiques. Les textes, chantés en isiXhosa, ajoutent à la profondeur de l’expérience. C’est une musique à la fois universelle et singulièrement personnelle, qui transcende les frontières culturelles et musicales.
Peut-on évoquer des artistes hybrides sans parler de Rosalía ? La chanteuse espagnole bouscule les codes bien au-delà du flamenco. Si son album El Mal Querer (2018) mêlait folklore et modernité, son évolution avec Motomami (2022) pousse cette quête encore plus loin. Rosalía plonge à la fois dans les traditions folkloriques espagnoles et dans les beats électroniques les plus futuristes, le tout relevé par une voix magistrale.
Avec des influences multiples, de Björk à Kanye West, sa musique s'inscrit dans une vibe globale où les genres se télescopent avec audace. Bien qu’elle ne se limite pas strictement au triptyque folk-soul-électro, Rosalía ouvre une voie qui inspire de nombreux artistes hybrides, qu’ils soient guidés par leurs racines ou leurs visions avant-gardistes.
Le discret australien Ry X peut à première vue ressembler à un pur produit folk contemporain, mais ce serait sous-estimer son talent. Sa musique évoque des paysages vastes et arides, grâce à des guitares aériennes et une production électronique atmosphérique. C’est à la fois intime et colossal, parfait pour les nuits où le ciel étoilé semble sur le point de nous avaler.
Son titre emblématique Berlin, sorti en 2013, reste le parfait exemple de minimalisme émotionnel. Depuis, Ry X a continué de perfectionner son art, notamment avec l’album Unfurl (2019), où les plages électroniques se mêlent aux réverbérations acoustiques, créant une osmose rare entre organique et synthétique.
Ry X prouve que l’hybridation ne se résume pas à empiler des ingrédients divers : il s’agit d’une alchimie qui transforme les éléments en or musical.
Issue de la scène londonienne et naturellement liée au collectif SAULT, Cleo Sol s’impose comme l’une des voix les plus profondes et délicates de sa génération. Certes, elle navigue principalement dans l’univers soul, mais son songwriting s’appuie souvent sur des bases acoustiques très proches du folk et exhale une chaleur feutrée parfaite pour une production électronique subtile.
Son album Mother (2021) est une ode à l’intimité, transcendée par des arrangements qui oscillent entre simplicité et sophistication. Les textes, teintés de spiritualité et d’humanité, se marient à une production qui, sans jamais en faire trop, plonge l’auditeur dans un cocon sonore.
Alors, d’où vient cette fascination pour ces mélanges inattendus ? Peut-être parce que nous vivons une époque où les frontières, qu’elles soient géographiques, culturelles ou musicales, s’estompent. Ces artistes hybrides incarnent parfaitement cette quête d’universalisme : ils mélangent le local et le global, l’organique et le digital, le traditionnel et l’avant-garde.
C’est aussi une réponse aux attentes d’un public en quête de sincérité et de surprises. Ce qui émeut aujourd’hui n’est pas la technicité froide, mais la vulnérabilité d’une émotion mise à nu – qu’elle soit portée par les cordes d’une guitare ou des infrabasses électroniques.
Ce qui unit tous ces artistes – au-delà des étiquettes musicales – c’est leur capacité à raconter une histoire, à nous transporter dans leurs mondes intérieurs. Que ce soit dans un petit café bondé ou sous les projecteurs d’un festival géant, ils nous rappellent que la musique est avant tout un langage universel. Plutôt que de s’enfermer dans des recettes figées, ils explorent des territoires où tout devient possible.
Et si ces sonorités hybrides nous séduisent tant, c’est peut-être parce qu’elles reflètent nos vies modernes : complexes, multicouches et toujours prêtes à accueillir le mélange des influences.