Des disques fantômes : cinq albums à (re)découvrir d’urgence
1. Gontard! – “2028” (2017)
Oui, six ans après sa sortie, “2028” reste étrangement absent des conversations. Bricoleur sonore d’un Grenoble pluvieux, Gontard! installe dans cet album une poésie brute, quelque part entre folk lo-fi à la Daniel Johnston et chronique sociale à la française. Le titre “Ne m’en veux pas” (24 000 écoutes sur Spotify à fin 2023 selon Spotify Stats) n’a jamais dépassé le circuit indé, alors qu'il propose un condensé d’émotions, sans langue de bois, trempé dans l’ironie douce-amère de l’époque.
- Année de sortie : 2017
- Label : Ici d’Ailleurs
- Tirage initial estimé : moins de 800 exemplaires vinyle
- Pourquoi il est passé à travers : peu de passage radio, couverture médiatique très limitée (une chronique dans Les Inrocks, puis plus rien)
Source : Les Inrocks
2. Thos Henley – “Royal Oak” (2012)
Anglais d’origine, mais adopté par la scène parisienne, Thos Henley a tissé avec “Royal Oak” un album à la lisière de la folk pastorale et de la chanson pop rêveuse. Pourtant, malgré quelques premières parties de Peter Von Poehl, l’album est resté dans une brume discrète : tiré par le single “The Walled Garden”, le disque peine à franchir les 4000 ventes en trois ans selon une interview de l’artiste dans Le Cargo!.
- Année de sortie : 2012
- Label : Le Pop Musik
- Tirage initial : 1500 CD
- Couverture média : principalement sur des blogs indépendants, inédit sur France Inter à sa sortie
Source : Le Cargo!
3. Benoît Dorémus – “2020” (2020)
L’année 2020 fut étrange pour tout le monde, et l’album éponyme de Benoît Dorémus n’a pas échappé à la vague d’indifférence générale. Pourtant, dans la veine d’un folk urbain à la Souchon, Dorémus livre ici l'une de ses œuvres les plus abouties en autoproduction. “Dans l’air”, chanson-fleuve blottie au creux du disque, ne comptabilisait que 3400 streams sur Deezer six mois après la sortie (Deezer Charts). La tournée fut annulée, le disque a flotté dans le silence imposé par le contexte sanitaire.
- Année de sortie : 2020
- Autoproduction
- Vente estimée (2020-2022) : moins de 2000 exemplaires physiques
- L’absence totale de diffusion radio et un contexte sans concerts ont irrémédiablement pesé.
Source : France Info
4. Red – “33” (2002)
Présenté à l’époque comme l’OVNI folk de la scène nantaise, l’album “33” s’est perdu dans un paysage saturé de néo-chanson et d'électro-pop. Porté par la voix feutrée de Pierre Omer, le disque épouse une folk minimaliste, très influencée par Leonard Cohen et Nick Drake. Peu distribué (300 vinyles numérotés seulement, chiffre donné par le label Ici d’Ailleurs), l’album fut salué d’une chronique dans Magic!, puis oublié aussi vite qu’une étoile filante.
- Année de sortie : 2002
- Label : Ici d’Ailleurs
- Tirage total : 800 CD / 300 vinyles
- Actuellement introuvable en streaming légal
Source : Magic RPM
5. Emily Loizeau – “Pays Sauvage” (2008)
La Renaissance folk de 2008 a vu de nombreux albums émerger, mais peu sont passés par la grande porte. “Pays Sauvage” d’Emily Loizeau, disque de transition entre langue française et folk anglo-saxon, paraît au mauvais moment : à l’ombre du raz-de-marée Camille et d’une radio qui préfère le format pop. Malgré une nomination au Prix Constantin, l’album n’a pas dépassé les 15 000 copies vendues en deux ans (syndicat SNEP), chiffre modeste eu égard à son ambition et à la richesse des arrangements.
- Année de sortie : 2008
- Label : Polydor
- Vente globale estimée : 15 000 exemplaires (SNEP)
- Ses chansons, reprises à la scène par des artistes comme Albin de la Simone ou Moriarty, sont devenues cultes dans les cercles d’initiés.
Source : Le Monde