Trois labels indépendants dans le viseur : qui façonne vraiment l'avant-garde ?
Microqlima : le laboratoire des émotions brutes
Lancé en 2014 par Jules Cassignol et Antoine Matkow, Microqlima est le genre de label qui pourrait sortir un turbopop funk à 10h et une hymne lo-fi mélancolique à 17h. Côté casting, c’est allé jusqu’au Prix Constantin pour Fishbach et L’Impératrice, et les cartons de Voyou ou Pépite. En 2022, c’est encore Microqlima qui envoie leur chouchou Isaac Delusion sur les routes d’Europe.
Donnée qui parle : en 2023, Microqlima revendiquait plus de 60 millions de streams cumulés sur ses artistes, selon une interview chez Les Inrocks. Surtout, le label assume une veille boulimique de nouveaux talents, parmi lesquels
- Poupie : lauréate du FAIR, joueuse d’hybridations pop-reggae-rap, découverte sur une scène de festival antillais avant d’exploser en playlist.
- Silly Boy Blue : portée par une esthétique résolument queer, ses lives transcendent la scène indie et créent la surprise auprès du public rock comme électro.
Microqlima, c’est un radar à émotions, dont l’identité visuelle léchée (graphismes ultra-colorés dessinés par l’équipe elle-même) fait bride sur le mot « indé » : ici, on ne sacrifie rien à la personnalité, même dans la com.
Cracki Records : groove, avant-garde et chébran attitude
Né en 2011, Cracki symbolise la bascule sonore de la décennie. À l’heure où le copier-coller Spotify tire la musique vers le bas, le collectif repousse les frontières, mêlant électronique, chanson et groove cosmique. Les frères d’esprit de L’Impératrice (avant départ chez Microqlima puis Sony), Agar Agar (vol de démarrage sur Soundcloud, l’un des tubes les plus shazamés de 2017), ou encore le prodige OK Louy.
Ce qui marque chez Cracki ?
- La curation ultra-pointue : le label continue de sortir beaucoup de vinyles et travaille en circuit court avec ses artistes.
- Une très forte présence à l’international : Cracki a déjà emmené ses musiciens en Asie et en Amérique du Sud (source : Libération), preuve que la French Touch s’exporte au-delà du mythe Daft Punk.
- Le « Cracki Lab » : espace de création partagé sur la butte Montmartre, véritable ruche où se croisent producteurs, plasticiens et DJ’s.
L’anecdote qui tue : en 2022, Cracki a été l’un des organisateurs principaux du Festival Bizarre à Paris, avec près de 10 000 spectateurs sur trois jours. Le label prône l’expérience totale, immersive, et fait émerger des alliances entre l’art, la danse et la scénographie futuriste.
InFiné : l’alchimie du son sans frontière
Impossible de zapper InFiné pour qui cherche des émotions live et électroniques qui murmurent puis claquent. Bloc opératoire de talents comme Rone (son album "Room With A View” en 2020 lui vaudra la Victoire de la Musique du meilleur album électronique), InFiné s’est non seulement imposé sur la scène française mais également à Berlin et Barcelone.
Quelques chiffres clés issus du figaro.fr (2022) :
- Plus de 40 artistes produits, dont Rone, Deena Abdelwahed ou La Chica.
- Près de 300 000 auditeurs mensuels sur les plateformes pour l’ensemble du label.
La recette :
- Un goût pour les collaborations hybrides (Rone x Ballet National de Marseille…)
- Une ouverture sur l’international (showcases à l’Eurosonic aux Pays-Bas, présence régulière à Montréal et Tokyo)
- Un format “Studio InFiné” à Lyon, où sont nées de nombreuses créations live atypiques.
InFiné ne se contente pas de signer du beat qui tape : ils parient sur la fécondation croisée, l’impulsion créative entre disciplines.