Petits labels, grandes secousses : des exemples qui décoiffent
Il y a les labels historiques comme Warp ou Ninja Tune qui, bien qu’aguerris, sont devenus des monuments. Puis il y a les “petits” labels, ceux qui opèrent, parfois avec juste trois potes et des semaines blanches, et qui assument un vrai boulot d’éclaireur.
Ostra Discos (Lisbonne) : la new wave portugaise qui groove
En 2020, alors que la planète vivait en 33 tours au ralenti, Ostra Discos sortait incognito la compilation “Lisbon New Wave” — explorant la facette la plus élastique et chaude de l’électro portugaise. Le budget est minuscule, mais la portée énorme sur Bandcamp : en six mois, plus de 5 000 téléchargements et une vague de playlists indés. Ostra Discos s’est imposé comme incubateur DIY, révélant la scène lo-fi qui explose désormais dans tout le sud de l’Europe («Lisbon New Wave», Resident Advisor).
Antinote (Paris) : poésie synthétique en bord de Seine
Créer des tunnels sonores, sortir des tracks qui flottent entre ambient, techno, balearic ou chanson électronique : c’est la marque de fabrique du label parisien Antinote. Depuis 2012, Quentin Vandewalle (Zaltan) y façonne des trajectoires labellisées “hors circuit” (RA, Les Inrocks). Antinote n’a signé que 65 sorties en une décennie, mais propulsé des artistes-clés comme D.K., Geena ou Iueke. Le label refuse la course à l’hyper-productivité, préfère la rareté à la viralité.
Hessle Audio (Leeds/Londres) : la bass music en éclaireur
Fondé en 2007 par Ben UFO, Pearson Sound & Pangaea, Hessle Audio s’est imposé comme l’antichambre de la nouvelle bass music anglaise. À coups de maxis sculptés comme des pierres précieuses, Hessle a lancé la vague post-dubstep (Blawan, Ploy, Objekt…), influençant la mouvance UK à l’international. Un label qui revendique 100% d’indépendance et joue encore la carte du “vinyle d’abord, digital ensuite”, loin de la dictature du tout-streaming (voir Crack Magazine).
Lobster Theremin (Londres) : ébullition à tous les étages
Né en 2013 dans un petit appart de Hackney, Lobster Theremin a mis la jungle, la techno lo-fi et l’electro breakbeat sur orbite. Avec une politique anti-formatage, le label et son fondateur Jimmy Asquith ont publié plus de 200 releases en une petite décennie, donnant leur chance à Mall Grab, DJ Seinfeld ou Roza Terenzi. En 2019, Lobster Theremin ouvrait une boutique vinyls à Londres pour rapprocher diggers et artistes : une vraie porte d’entrée pour la scène underground (FactMag).